Terminale ES : thème : Croissance , capital et progrès technique


Chapitre : Les transformations de l'investissement


Introduction :

L'investissement , c'est à dire l'achat de capital fixe est une composante de la demande et il permet également d'améliorer l'offre .
Ce double rôle lui confère une place centrale dans l'économie .

1.L'investissement : définitions et évolutions

A. Les différentes formes d'investissement

L'investissement est l'acquisition de biens de production durables c'est à dire supérieur à un an. c'est un flux ( positif) qui alimente le stock de capital .
  • L'investissement brut correspond aux achats de biens de production
  • L'investissement net correspond à l'investissement brut moins l'investissement de remplacement, c'est à dire l'amortissement ( remplacement du capital devenu obsolète ou usé ).
    La comptabilité nationale définie l'investissement par la FBCF( Formation Brute de Capital Fixe) : celle- ci regroupe les différents secteurs institutionnels : entreprises ( investissements), les administrations et les ménages ( entreprises individuelles et logements ).
    La FBCF constitue l'investissement matériel.


    La formation brute de capital fixe


    Formation brute de capital fixe par secteur institutionnelValeurs-Milliards d'euros
    2002
    FBCF (Total des secteurs résidents) dont :
    296,0
    Sociétés non financières et entreprises individuelles
    163,7
    Ménages hors entrepreneurs individuels
    73,1
    Administrations publiques
    46,4




    L'investissement productif des entreprises ( FBCF hors bâtiments et logements ) peut se décomposer en 3 formes :
  • L'investissement de capacité : correspond à une hausse de la capacité de production( plus de capital fixe)
  • L'investissement de remplacement : pour les entreprises c'est l'amortissement, pour la comptabilité nationale, c'est la consommation de capital fixe( remplacement du capital devenu obsolète).
  • L'investissement de productivité ou de rationalisation : il permet d'augmenter l'efficacité du travail humain ( hausse de la productivité du travail)
    Cette séparation théorique est difficilement possible dans la réalité car il est très difficile de distinguer les différentes formes.

    Durant les années 70, la majorité des investissements étaient de capacité, depuis les années 80 les entreprises ont développées des investissements de productivité ( compétitivité).
    En effet les entreprises recherchant la compétitivité dans une concurrence accrue font de plus en plus appel à des dépenses relevant davantage de l'immatériel que du matériel. Maintenant le savoir vendre importe autant que le savoir fabriquer.
    On définit l'investissement immatériel comme recouvrant tous les investissements en " savoir-faire " et en intelligence réalisée par les entreprises :
    Dépenses internes de recherche et développement ( R et D ), les achats de brevets et licences, formation du personnel , logiciels et publicité .
    Il faut noter que les logiciels sont , depuis 1999, considérés comme des investissements matériels et qu' ils sont comptabilisés comme dans la FBCF. Les investissements immatériels sont comptabilisés en consommation intermédiaire.
    Désormais l'investissement immatériel représente près de la moitié de l'investissement total ( contre 1/5 il y a 20 ans ).
    De même l'investissement passe de plus en plus par une croissance externe par le biais d'acquisitions financières répondant aux différents motifs de la concentration( horizontale, verticale et conglomérale), à de simples prises de participation ou même à une logique de placements plus spéculatifs. On peut donc parler d'investissements financiers.
    Enfin, l'investissement connaît une internationalisation croissante avec la libéralisation progressive des mouvements de capitaux au niveau mondial. Ce sont les investissements directs à l'étranger ( IDE) qui correspondent à la création de filiale et à une prise de participation de plus de 10% du capital d'une entreprise étrangère.
    Ils ont eu tendance à se développer depuis la début des années 90 et plus particulièrement vers la fin de la décennie ( actuellement le niveau d'IDE est 3 fois plus élevé qu'en 1990) .
    Actuellement, le premier pays d'accueil des IDE est la Chine (53 milliards de dollars- 420 000 entreprises étrangères sont implantées ) , la France est en 3eme position .
  • Le financement de l'investissement
    Pour financer ses investissements, les entreprises ont 4 possibilités :
  • L'autofinancement : utilisation des profits antérieurs ( l'épargne de l'entreprise ) : Financement interne
  • L'endettement auprès de banques ( crédits ) : financement externe intermédié
  • L'endettement par les obligations : financement externe direct
  • L'augmentation de capital par l'émission d'actions : financement externe direct
    Dans tous les cas le rôle de l'épargne est essentiel.
    On constate jusqu'au début des années 90 une baisse de l'épargne dans la plupart des pays. Cela a contribué à renchérir le coût de l'investissement par la réduction de l'offre de capitaux.
    Dans les pays en développement, un des problèmes qui explique la faiblesse de l'investissement et la difficile mobilisation de l'épargne.
    Cela explique en partie le recours massif à l'endettement qu'ont connus ces pays au cours de ces dernières années.

  • le financement de l'investissement s'est modifié :

    Durant les années 70, le partage de la valeur ajoutée a été plus favorable aux salaires : donc baisse des profits et les entreprises ont eu recours à l'emprunt ( économie d'endettement ).
    Durant les années 80, hausse de la part des profits dans la VA donc autofinancement ( passage à une économie de marché financier) .
    Durant les années 90 (après 1993), le taux d'autofinancement mesuré par le rapport épargne / capitaux investis est supérieur à 100%. Cela veut dire que les entreprises dégagent plus d'épargne qu'elles ne réalisent d'investissement. Elles sont devenues des agents à capacité de financement.


    B. Les transformations depuis 1974 :

    L'évolution de l'investissement matériel dans les principaux pays de l'OCDE ( organisation de coopération et de développement économique ) a été marquée par des fluctuations cycliques.
    Dans les années 60 la forte croissance économique a engendrée un important effort d'investissement.
    Après les 2 chocs pétroliers les taux de croissance deviennent plus faibles et l'investissement se réduit. Il se redresse avec la reprise de l'activité dans la 2eme moitié des années 80.
    Enfin c'est le ralentissement de la croissance et la récession du début des années 90 qui provoquent un recul de l'investissement surtout en Europe et au japon ( en France, le taux d'investissement, FBCF/VA *100, oscille entre 15 et 20% ).
    Aux états-unis, la croissance forte des années 90 s'explique , pour une large part , par les investissements effectués dans les nouvelles technologies ( la consommation quant à elle est restée soutenue) .
    On dénote en France sur la période 1998 - 2001 une reprise des investissements liée à une croissance plus forte et donc une consommation soutenue.
    Actuellement, les entreprises sont globalement endettées et leur principal souci est de rembourser leurs dettes après l'éclatement de la bulle internet.
    Ainsi en 2002 l'investissement a reculé de 7% et en 2003 la baisse prévisible est de 2% .
    Ce recul de l'investissement matériel est d'autant plus préoccupant qu'il s'est accompagné d'un changement de nature qui se fait au détriment de l'emploi.
    Dans une période ou la demande de biens augmente lentement, l'investissement de capacité n'est plus la règle.
    Cette atonie des marchés et leur ouverture croissante sur l'extérieur sont aussi à l'origine d'une concurrence accrue entre les entreprises qui explique leur préférence pour les investissements de productivité, réducteurs de coûts en consommation intermédiaires et en travail.

    De plus l'investissement matériel nécessite toujours de l'investissement immatériel. Cela s'explique par plusieurs facteurs :
  • l'essor des investissements de productivité ( ordinateur / logiciels)
  • le besoin croissant d'investissement de flexibilité sous forme d'équipements informatiques ( formation )
  • le développement des industries de haute technologie forte utilisatrice de recherche et développement
  • La recherche de compétitivité sur les marchés extérieurs.